Histoire du pétrole et de la raffinerie

Le pétrole, pouvant suinter à la surface, est utilisé depuis des milliers d’années: on en trouve trace de son usage par les civilisation mésopotamiennes au 6e millénaire av. J-C. Il a été exploité, notamment pour les lampes à huile, dès le XVIIIe siècle, mais il s’est industrialisé à partir de 1859 et le début des forages à grande échelle en Pennsylvanie. Dès le siècle suivant, avec le développement de l’automobile et des centrales à pétrole, il est devenu de loin la première source d’énergie de l’humanité.

Utilisations préindustrielles du pétrole

Le pétrole peut suinter naturellement à la surface ou bien dans les puits creusés pour trouver de l’eau. Les populations antiques l’avaient utilisé comme combustible pour lampes, comme mortier ou encore pour ses propriétés d’étanchéités (calfatage des navires et étachéité des citernes). Elle était même utilisé comme onguent pour soigner les maladies de peau.

Dans la Grèce antique, on la nommait « pétrole » du grec « petra » qui signifie pierre et « olo » qui signifie huile. C’est le chevalier italien Benedetto Bordone qui, dans son livre intitulé Isolario (1528), fut le premier à décrire cette substance. On en trouve même trace dans la Bible : dans l’Ancien Testament, c’est grâce au bitume dont son berceau aurait été enduit que Moïse aurait flotté sur le Nil et c’est cette substance dont l’arche de Noé aurait été enduite.

Le Moyen Age a trouvé au pétrole un autre usage pratique: le feu grégeois. Ce dernier a été inventé par les byzantins, qui voulaient créer une arme capable de détruire les navires ennemis sans détruire la cargaison à l’intérieur. Composé d’huile et de résine, il pouvait facilement enflammer les bateaux ennemis.

Un des centres de production a été Bakou, en Azerbaidjan, où Marco Polo avait déjà décrit l’exploitation massive du pétrole de surface en 1264. Cette région comptait, en 1594 des puits profonds de 35 mètres et on dénombrait, en 1830, 116 forages produisant 720 barils de pétrole par jour.

Le premier marché pétrolier : la domination occidentale

Au XVIIIe siècle, avec l’invention de la lampe à pétrole par un pharmacien, Quinquet, le pétrole va trouver sa première utilité à grande échelle. En France, des puis avaient même été forés aux XVIIIe siècle. Toutefois, on restait à petite échelle. Ce n’est qu’en 1855 que n’ait vraiment l’industrie pétrolière.

1855: Une industrie naissante

1855 est une date importante à deux égards :

  • Benjamin Silliman Jr arrive à séparer plusieurs produits pétroliers par distillation: goudrons, lubrifiants, naphta et essence.
  • George Bissel et Jonathan Eveleth créent la Pennsylvania Rock Oil Company (qui devient la Seneca Oil en 1858). Edwin Drake , un de leurs employés, fore le premier puis de la région à Titusville, en Pennsylvanie le 27 aout 1859.

La production de l’époque était alors de 274 tonnes, le second producteur était la Roumanie, avec 200 tonnes. Les Etats-Unis produisent, en 1862 400 000 tonnes de pétrole. C’est le début de l’ère Rockefeller.

Rockefeller: l’empire pétrolier

Né en 1839, John D. Rockefeller devient milliardaire à la fin du 19e siècle grâce à son empire industriel, le Standard Oil Company. Il est considéré comme l’une des personnalités les plus riches de l’histoire de l’humanité.

Propriétaire de raffineries en 1862, John Rockefeller invente un procédé améliorant la fabrication du pétrole lampant. Il arrive à prendre le contrôle de « l’aval » (= raffinerie) de l’industrie pétrolière dans les années 70, puis réussit petit à petit à prendre le contrôle de la production elle-même. Son empire est démantelé en 1911, avec la première grande application des lois antitrust.

De cette explosion vont naitre notamment les futures Exxon et Chevron. En parallèle, ont également été créées à cette époque la Royal Dutch (future Royal Dutch Shell), l’Anglo-Persian (future Britsh Petroleum, BP), Texaco et Gulf.

L’accord d’Achnacarry et le premier équilibre

Le secteur de la raffinerie est devenu hyperconcurrentiel dans les années 50. Pour protéger leurs marges, les géants se partageant le marché (Esso, Shell, BP, Mobil, Standard Oil Californie, Texaco et Gulf) ont conclu un accord pour se partager les marchés: l’accord d’Achnacarry.

Au début, les Etats-Unis sont les principaux producteurs de pétrole et ils le resteront jusqu’en 1950, date à laquelle ils descendent enfin en dessous de 50% de la production mondiale.

La montée en puissance du Moyen-Orient et de l’OPEP

Les industriels tiraient le prix du brut à la baisse à la fin des années 50. En réponse, des pays producteurs créent l’OPEP (initialement Koweit, Arabie Saoudite, Irak et Iran, puis Quatar, Indonésie, Lybie, Emirats Arabes Unis, Algérie, Nigéria, Equateur et Gabon).

1973: Le premier choc pétrolier

La guerre des Six jours, en juin 1967 accroit les tensions. De plus, la consommation a fortement augmenté dans les années 60 et le ratio réserves/production diminue, passant de 100 vers 1950 à 30 vers 1970, ce qui accroit les craintes. D’où le rapport du Club de Rome, Limit to Growth en 1971.

D’autres tensions surviennent en 1971: la Libye fait pression pour obtenir des conditions d’achat de pétrole beaucoup plus avantageuses. L’industrie cède et leur accorde ces avantages, ainsi qu’à tous ceux de l’OPEP, par les accords de Tripoli et de Téhéran en 1971.

C’est dans ce climat de tensions que se produit le premier choc pétrolier.

En 1973 survient la guerre du Kippour: les pays voisins d’Israel lui déclarent la guerre.

Le 13 octobre 1973, les pays arabes membres de l’OPEP décident d’augmenter le prix du pétrole de 70%. Ils mettent en place un embargo sur les pays occidentaux, qui soutiennent Israël dans la guerre du Kippour. Le prix du baril passe de 3 dollars à 12 dollars. L’augmentation du prix du pétrole est un choc pour les pays occidentaux, dont l’économie est largement tournée vers les hydrocarbures. Ces derniers n’ont pas les moyens de se passer du pétrole et sont donc contraints d’accepter les conditions de l’OPEP.

Les pays arabes font un embarbo contre les pays favorbles à Israel. En octobre, l’OPEP augmente brusquement le prix du brut de référence.

1978: le second choc pétrolier

Par la suite, dans plusieurs pays producteurs des industries pétrolières sont nationalisées Algérie (1971), Lybie (1971 et 1973), Koweit (1975), Qatar (1975), Vénezuela (1976) et Arabie Saoudite (1974 et 1980).

Puis, en 1979 survient, avec la révolution iranienne, le second chox pétrolier, qui va multiplier par 10 le prix du brut (en dollars réels) et par 3 le prix du pétrole pendant plusieurs années.

Ce choc finit en 1986 avec la fin de la politique des quotas et les contrats « Netbacks ».

L’après: le pétrole bon marché

1986: le contre-choc pétrolier

La production des pays de l’OPEP diminue fortement et celle de pays en dehors augmente, notamment grâce à des forages dans la mer du Nord et en Alaska.

Paradoxalement, le prix du pétrole brut est tiré à la baisse. Pour l’endiguer, les pays de l’OPEP réduisent leur production maximale à 18 millions de barils par jour. Néanmoins, les prix continuent de chuter et l’Arabe léger passe de 34 à 29 dollars par baril en mars 1983.

Les quotas de pétrole sont réduits en 1984 à 16 millions et, malgré cela, le prix du brut est réduit à 28$ par baril. En septembre 1985, l’Arabie Saoudite développe les contrat « netback » garantissant une marge de raffinage à l’acheteur. Enfin, en décembre 1985, l’OPEP abandonne cette politique de quota et libéralise le prix. Ces deux chocs aboutissent à effondrer le prix du brut, qui chute à 9$ en juillet 1986 pour l’Arabe léger.

Dans ce contexte, la diminution du prix du baril représente une menace pour l’équilibre financier des pays pétroliers. En effet, les pays pétroliers voient leur recettes pétrolières diminuer : baisse des exportations, baisse des recettes fiscales pour les pays exportateurs de pétrole, baisse des recettes pour les pays producteurs de pétrole. Ainsi, la baisse du prix du baril prive les pays pétroliers de leurs ressources d’investissement. La baisse des recettes pétrolières est accompagnée d’une hausse des coûts. En effet, pour maintenir leur production, les pays pétroliers doivent consentir d’importantes dépenses en investissement.

L’OPEP tente de reprendre la main en réinstaurant des quotas et des prix fixes, ramenant le brut à 18$ par baril. Les prix chutent en 1988, puis remontent en 1989.

La crise du Golfe

En 1990, le Koweït est envahi par l’Irak: c’est la guerre du Golfe.

Ces deux pays stoppent leurs exportations (~4 millions de barils/j.) ce qui met les marchés sous tension. Néanmoins, il n’y a au final pas eu de pénurie, cette diminution ayant été compensée par les exportations d’autres pays producteurs, dont le Venezuela et l’Arabie Saoudite. Les prix ont explosé un très court moment, avant de revenir à la normale.

Aujourd’hui: la pénurie durable

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter nos articles sur l’évolution de la consommation de pétrole et sur l’évolution de la production de pétrole.